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Stratégie & Usages de l'Internet des Objets Connectés

Les usages et approches stratégiques de l'IoT et des technologies au service des Smart City, Smart Industries et Smart Services

RFID et Traçabilité de l’hygiène des mains en milieu hospitalier

Le service des maladies infectieuses de l’hôpital Nord de Marseille a testé ces 3 dernières années un dispositif de traçabilité de l’hygiène des mains des infirmiers et soignants. Objectif : étudier les pratiques soignantes pour mieux enrayer les infections nosocomiales.

Une puce électronique introduite dans les chaussures des soignants, une antenne positionnée au sol qui reconnaît la puce et donc l’identité de ces derniers, un distributeur de solution hydro-alcoolique connecté, des signaux informatiques envoyés à chaque passage pour savoir si le protocole d’hygiène a bien été respecté : voici comment fonctionne MediHandTrace®, un outil basé sur la technologie RFID (identification par radiofréquence), dans le service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Nord de Marseille.

À chaque passage d’un médecin, d’un infirmier, d’un aide-soignant ou même d’un agent des services hospitaliers, les informations sont recueillies puis analysées.

« Un des problèmes majeurs de santé publique est la transmission dans l’hôpital d’infections nosocomiales. La meilleure des préventions de ces infections est le lavage des mains, en particulier avec des solutions hydro-alcooliques. Des distributeurs individuels de ces solutions hydro-alcooliques ont été mis en place à l'Assistance Publique Hôpitaux de Marseille depuis des années, mais il n'existait pas de système permettant d'évaluer l'utilisation correcte de ces distributeurs » explique le Pr Brouqui, chef du service.

Les résultats

Après trois années d’expérimentation, d’abord dans une chambre, puis dans sept chambres du service, ce système d’enregistrement continu des pratiques a aussi permis une meilleure compréhension des facteurs liés à la non observance des protocoles de lavages des mains. Des résultats précis seront rendus d’ici la fin du premier trimestre 2015.

« Cet outil permet de savoir si le personnel se lave bien les mains. Il a été mis en place pour remplacer entre autres les audits de l’OMS. Un autre dispositif qui permettra d’augmenter le lavage des mains va à son tour être testé » explique le Pr Brouqui.

Le MediHandTrace®, a été associé à un autre outil – le Patient Smart Reader, un système de scannettes de codes-barres – qui permet d’enregistrer un soin prodigué dans une chambre donnée et pour un patient donné. « Cela permet une traçabilité directe au lit du patient » explique le chef de service.

Traçabilité ou surveillance du travail des soignants?

« L’unique but de ces systèmes est l’amélioration de l’efficacité et de la qualité des soins prodigués. Ils ne sont là, ni pour surveiller les actes, ni pour juger un travail individuel, mais plutôt pour inciter les soignants à suivre des procédures rigoureuses », explique le Pr Brouqui. Pourtant, plus qu’observés, les soignants pourraient vite se sentir jugés dans leurs pratiques.

« Ce n’est pas qu’il ne faut pas se remettre en question. L’analyse de nos propres pratiques professionnelles fait pleinement partie de notre métier. Néanmoins, je trouve que si ce genre d’outil est généralisé, cela risque de mettre sous tension certains soignants. Quelle sera la prochaine étape ? Le chronométrage des soins pour savoir qui est le plus performant ? Peut-être qu’il serait plus judicieux de ne pas identifier les soignants, mais simplement d’étudier leurs pratiques », s’interroge une infirmière d’un service voisin.

« Au début, en effet, d’après une étude anthropologique que nous avons menée en parallèle du protocole, les soignants étaient un peu perplexes, voire moqueurs avec ce système. Ils sentaient que celui-ci était bien pour la recherche mais que cela n’allait pas changer leur quotidien. Au fur et à mesure de la mise en place, il y a eu une très bonne acceptabilité des soignants », nuance le Pr Brouqui , qui insiste sur le fait que le système est basé sur le volontariat et que personne n’est obligé de porter les chaussures connectées.

« Tout le monde a joué le jeu », ajoute-t-il. Si le débat sur l’analyse du travail des uns et des autres dans le but d’améliorer les pratiques de soins semble sans fin, le MediHandTrace®, lui, serait bien mis sur le marché en 2015. Si les financements sont trouvés.

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