
L'innovation en matière de supply chain se distingue principalement à la capacité de s'adapter et de répondre aux événements inattendus. Lorsqu'on en arrive à une différenciation universelle du supply chain management sur des groupes d'entreprises, ce sens de l'innovation ressemble par bien des côtés aux arts divinatoires. Or, si la RFID promet d'être ici la technologie la plus significative ces prochaines années, c'est plus au niveau de la sensibilité du management et de sa réactivité aux informations fournies par la RFID qu'il faut voir une véritable évolution vers une supply chain enfin agile (ce qui, avouons-le, est encore loin d'être le cas).
Pour l'heure, on a encore trop tendance à s'arrêter sur le marqueur RFID, son prix, sa distance de lecture, alors que le véritable challenge n'est pas là. C'est bel et bien le flux de données, son traitement (temps réel, svp !) et l'extraction de son sens qui devraient préoccuper les supply chain managers. Quel intérêt en effet d'utiliser EPC si ce n'est que pour remplacer le code-barres ? Certes, ce sera, promet-on, un gain de temps appréciable sur les process. Tout à fait d'accord ! Mais que fera-t-on de ce temps ainsi gagné si dès le départ des usages pour cette "épargne" n'ont pas été prévus ?
C'est pourquoi, il nous semble indispensable de ne pas rester "au niveau des paquerettes", mais de prendre tout de suite en compte les actions suivantes :
- Dès le début, procéder à un examen holistique des process de l'entreprise afin de voir comment capitaliser sur l'acquisition de données proposée par l'emploi de la RFID (en termes de temps gagné gagné, de précision apportée, d'alarmes installées, de procédures de secours déclenchées, etc.) ;
- Savoir établir une hiérarchie entre les initiatives process que l'on désire voir implantées avec pour objectif principal l'accroissement de la visibilité tant au niveau de l'exécution que du planning, en cherchant les événements qui seront les plus à même de profiter d'une utilisation de la RFID (à ce propos, cela permettra souvent de se rendre compte qu'il est bon de mettre en place, non pas une mais deux solutions RFID, l'une passive pour le suivi des produits, l'autre active pour le suivi de certains événements survenant sur ces produits) ;
- Rechercher toutes les possibilités d'optimisation de l'application RFID en la plaçant dans le contexte global de l'entreprise et en surtout ne la cantonnant pas à un simple rôle d'AIDC. Ceci amène d'ailleurs bien souvent à mettre en place des solutions mixtes, intégrant par exemple des composantes de picking vocal pour justement tirer le meilleur parti du temps gagné sur le process ;
- Savoir prendre son temps en pensant en termes de pérennité et d'évolutivité de la solution puisque le conteneur RFID verra obligatoirement son contenu évoluer et s'enrichir au fil des années et de la recherche d'une QoS améliorée pour mieux satisfaire la clientèle et donc lutter mieux armé contre la concurrence ; ce temps de préparation est vital pour choisir les produits et l'intégrateur qui implantera la solution, en sachant que comme toute nouvelle industrie, la RFID est appelée à subir un mouvement de consolidation au niveau de ses acteurs ;
- Et, last but not least, ne pas faire de la RFID comme Monsieur Jourdain, mais rechercher finement le(s) retour(s) sur investissement dans une perspective plus large, ce qui bien fera découvrir d'autres applications possibles de cette technologie et surtout permettra de donner plus de sens aux données ainsi récoltées.
Bref, pour réussir un projet RFID orienté supply chain, il faut arrêter de regarder par le petit bout du lecteur et remonter aux tableaux de bord de l'entreprise et à son environnement concurrentiel. Sans vision, point de viabilité pour la RFID !